Rendre l’information médicale accessible, un enjeu de société et de santé publique

Pour la première fois, la France a participé aux côtés de 16 autres pays à l’enquête internationale « Health literacy survey 2019-2021 », sous l’égide de l’Initiative européenne d’information sur la santé de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ce travail d’ampleur fournit un état des lieux précis des niveaux de « littératie » en santé au sein de la population. La littératie désigne la capacité d’un individu à chercher, comprendre, évaluer et mettre en pratique les informations lui permettant de préserver ou d’améliorer sa santé.

Publiés fin mai par Santé publique France, les résultats révèlent que 44 % des adultes peinent à accéder ou à utiliser l’information de façon autonome. 4 Français sur 10 par exemple estiment qu’il est difficile de savoir comment se protéger des maladies, de mesurer les risques et bénéfices des traitements médicaux, ou de trouver les bonnes informations en cas de problème psychologique.

En explorant les différentes dimensions de la littératie, l’étude permet également d’identifier avec précision les nombreux obstacles exprimés par les citoyens. Ainsi, trois quarts des sondés (73 %) jugent complexe de naviguer dans le système de santé. Que ce soit pour comprendre les réformes susceptibles d’affecter leurs soins (66 %), de déterminer si un service médical correspond à leurs besoins (59 %) ou de savoir si l’Assurance maladie prend en charge les coûts de la prestation (55 %).

Par ailleurs, 29 % des personnes interrogées considèrent qu’il est compliqué de communiquer avec les professionnels de santé. En particulier quand il s’agit d’exprimer ses préférences personnelles (26 %) ou d’être impliqué dans les décisions de leur médecin (24 %). Enfin, l’enquête témoigne de difficultés, partagées par plus de 7 Français sur 10 (72 %), à s’approprier l’information numérique. Parce qu’ils ont du mal à déterminer si des intérêts commerciaux se cachent derrière les informations proposées (69 %), si les informations trouvées en ligne sont fiables (65 %) ou si elles sont pertinentes pour résoudre leurs problèmes de santé (56 %).

Au-delà de l’estimation de son niveau dans la population générale, l’étude avait également pour objectif d’analyser les liens entre littératie en santé, déterminants sociodémographiques, modes de vie et état de santé. Sans surprise, les données montrent qu’un faible niveau de littératie est associé aux catégories moins favorisées socialement et économiquement, ainsi qu’à une plus forte présence de pathologies chroniques.

Ces travaux viennent donc confirmer l’influence de la littératie dans la construction des inégalités sociales de santé. Mais ils en font aussi un levier pour les réduire. Les pouvoirs publics, les établissements médico-sociaux et l’ensemble des acteurs du secteur ont un rôle déterminant à jouer, dans leurs domaines respectifs, pour communiquer de façon plus claire et compréhensible auprès de leurs publics, en particulier les plus défavorisés. Ces efforts de pédagogie contribueraient à renforcer leur autonomie, diminuer les coûts liés aux soins évitables — et ainsi optimiser notre système de santé — tout en assurant une meilleure équité dans l’accès à la prévention, aux droits et aux dispositifs de santé.