Présidentiel
Faites vos jeux, rien ne va plus !
Chaque élection présidentielle donne lieu à une surenchère d’idées et, en la matière, celles sur la fonction publique sont toujours très (d)étonnantes.
Et pour cause, si à droite, la tendance est plutôt à la suppression des postes (150 000 pour la candidate Les Républicains), à gauche les candidats souhaiteraient renforcer la fonction publique (+200 000 pour la candidate du Parti Socialiste et même 1 million pour le candidat La France Insoumise).
A chaque élection, la question de la réduction ou de l’augmentation du nombre d’agents est remise sur la table (300 000 pour le candidat N. Sarkozy, 150 000 pour le candidate E. Macron, + 41 000 pour B. Hamon).
Pour l’élection 2022, deux points de vues s’opposent :
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Il y a l’habituel « continuons dans le sens de l’histoire ». En effet, depuis plusieurs mandats, il est naturel de vouloir réduire le nombre d’agents car qui dit fonction publique dit salaires des agents payés par les contribuables. C’est donc une manière pour les candidats de dire « si nous voulons baisser vos impôts, un des leviers est de réduire le nombre d’agents ».
A noter que ce sont les postes administratifs qui sont souvent visés par ces enchères de réductions. Reste à savoir ce que sous-entendent les candidats par « l’administration ».
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Mais pour cette élection s’ajoute la vision « nous venons de vivre une crise sans précédent, c’est de notre devoir d’en tirer les conséquences ». Effectivement, la crise COVID a été une épreuve pour tous. L’un des métiers les plus affectés a été l’hospitalier. Il serait donc « culotté » de dire « réduisons les effectifs » au moment où l’hôpital public fait face à une vague de démissions sans précédent et à l’inverse rencontre des difficultés pour embaucher.
Et pour rappel ce n’est pas le seul métier en crise, en fonction publique comme dans le privé.
Mais au final qu’en pensent les premiers concernés ? Pour en avoir une idée un peu plus précise le 3 et le 8 mars, nous avons lancé une enquête rapide composée de 5 questions pour avoir l’avis des fonctionnaires.
Nous avons récolté 142 réponses dont voici les résultats :
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A la question, « pensez-vous que la fonction publique soit adaptée aux besoins des citoyens » la moyenne récoltée est 6,75 sur 10. L’image de la fonction publique reste donc plutôt positive bien que ramenée sur 20, la note de 13,5 n’est pas nécessairement considérée comme étant une « bonne note ».
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Sur la question des effectifs, c’est sans surprise qu’une grande majorité des répondants souhaite une hausse dans la fonction publique hospitalière. Les réponses sont plus tempérées sur les 2 autres versants. Au global (tous versants confondus), 56% des répondants pensent qu’il faut augmenter les effectifs, 34%, qu’il faut conserver les effectifs actuels et 5% qu’il faut diminuer les effectifs.
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Pour ce qui est de la question des salaires, c’est là aussi sans surprise, et ceci quel que soit le versant, qu’une majorité des répondants est en faveur d’une hausse des salaires pour améliorer l’attractivité. Cela est sans doute à relier au fait qu’il y a un gel de l’indice depuis plusieurs années.
Une fois de plus, c’est sur le versant territorial que les répondants restent malgré tout les plus sévères.
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A la lecture des réponses précédentes, il est logique qu’à la question de la priorité à donner par le gouvernement, ce soit le versant Hospitalier qui arrive en tête avec 59% des votes, suivi de l’Etat à 34% puis de la territoriale à 7%.
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Enfin, nous vous avons laissé la parole au travers d’une question ouverte « comment améliorer la fonction publique », voici un nuage de mots des réponses les plus souvent apportées.
En conclusion, nous pouvons dire que l’idée de renforcer la fonction publique est une priorité pour les répondants. Pour autant quelle est la bonne jauge ? croissance des effectifs mais quels sont les postes à renforcer ? Comment soutenir les versants ? La revalorisation des salaires est-elle suffisante pour redynamiser l’attractivité des 3 versants ? Nous n’avons pas la réponse mais restons persuadés qu’il faut tempérer certaines ardeurs, cesser de lancer des chiffres parfois déconnectés du besoin réel et là aussi travailler avec les intéressés pour co-construire la fonction publique de demain.
Signe des temps et d’une véritable prise de conscience, on voit d’ailleurs apparaître des « think tanks » pour aider dans cette voie à l’image du sens du service public qui réunit des acteurs des trois versants et à la volonté de faire des propositions pour « Moderniser le service public sans trahir ses valeurs ».
Pour aller plus loin :