Petit-déjeuner Culture branches "Héritage des paralympiques : comment casser le plafond de verre de l'inclusion au travail ?"

Le 28 novembre, Culture branches a clôturé 2024 en organisant son dernier petit-déjeuner de l’année. Introduit par Bruno Angles, Directeur Général du groupe AG2R LA MONDIALE, cet événement a réuni experts, partenaires sociaux et acteurs engagés pour échanger sur l’héritage des Jeux Paralympiques, son impact sur l’inclusion au travail et la possibilité d’enfin briser le plafond de verre de l’inclusion professionnelle.

Publié le lundi 30 décembre 2024

Intervenants_Pdj_Cb_28.11.2024.jpg

Crédits photo : Xavier Renauld
De gauche à droite, de haut en bas : Pascale Soyeux, Bruno Angles, Cécile Landreau, Véronique Revillod, Yohan Peter

 

 

 

En ouverture de ce 50e événement Culture branches, Bruno Angles, Directeur général d'AG2R LA MONDIALE, a réaffirmé le très fort attachement du Groupe aux événements Culture branches et à « l’essence même de ce qui nous anime : le dialogue, la co-construction, et l’innovation au service des branches professionnelles».

« Une personne sur deux sera confrontée à une situation de handicap au cours de sa vie de manière ponctuelle ou définitive. »

Bruno_Angles_28.11.2024.jpg« Les événements Culture branches incarnent l’essence même de ce qui nous anime : le dialogue, la co-construction, et l’innovation au service des branches professionnelles. Depuis leur création en 2016, ces rendez-vous se sont imposés comme un espace d’échanges unique, où chacun peut contribuer à façonner des protections sociales adaptées aux réalités du terrain. 


C’est l’occasion pour moi de féliciter tous ceux qui font vivre Culture branches et grâce à qui nous avons pu participer à ce 50e événement. Chacun de ces moments est l’occasion d’entretenir le dialogue social dans un cadre paritaire, par la réflexion collective sur l’actualité qui touche nos négociateurs, nos salariés et nos entreprises, par la mise à disposition de repères essentiels à la négociation collective et par le partage permanent d’idées pour améliorer la protection sociale complémentaire au sein des branches.


L’inclusion, et plus particulièrement le handicap en entreprise, est pour AG2R LA MONDIALE un sujet essentiel. Cette thématique, au cœur de nos engagements, résonne profondément avec notre identité d’acteur de l’économie sociale et solidaire : une personne sur deux sera confrontée à une situation de handicap au cours de sa vie de manière ponctuelle ou définitive.  Avec 9 % de collaborateurs en situation de handicap, AG2R LA MONDIALE dépasse largement les obligations légales et prouve qu’une entreprise peut être performante tout en cherchant à être exemplaire socialement.


À travers des initiatives concrètes - comme notre soutien à la Semaine Européenne pour l’Emploi des Personnes Handicapées, des aménagements spécifiques comme l’attribution de six jours de télétravail supplémentaires par an pour nos collaborateurs en situation de handicap et les salariés aidants, ou encore notre engagement à augmenter nos achats inclusifs de 30 % d’ici 2025 - AG2R LA MONDIALE est passé aux actes et nous ne comptons pas nous arrêter là. Ces mesures ne sont pas seulement des chiffres ou des engagements inscrits sur du papier : elles transforment des vies, renforcent la solidarité, et façonnent une société plus juste.


Notre escrimeur et médaillé paralympique Yohan Peter, que je tiens à remercier de sa présence lors de ce petit déjeuner, en est l’un des meilleurs exemples. Agilité, respect, esprit d’équipe et solidarité : nous partageons les mêmes valeurs et c’est une véritable fierté pour notre Groupe de l’accompagner à la fois dans son parcours sportif et dans son engagement pour un sport plus inclusif.»

 

 

 

Focus : Le 11 février 2005 vote de la loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées.

Elle repose sur cinq piliers :

  • La création d’un droit à compensation pour toute personne en situation de handicap, quels que soient son âge ou sa rémunération ;
  • L’intégration scolaire, avec la scolarisation dans un établissement proche et des aménagements ;
  • L’insertion professionnelle, avec un système d’incitations et de sanctions alourdies ;
  • Le renforcement de l’accessibilité aux espaces publics, aux transports et au cadre bâti neuf ;
  • La simplification administrative, avec la création des Maisons départementales des personnes handicapées.

Yohan Peter, Médaillé de bronze en fleuret par équipe aux Jeux paralympiques de Paris 2024, soutenu par AG2R LA MONDIALE

“L’insertion par le sport permet aussi de briser certaines barrières et de favoriser les contacts sociaux.” 
 
Yohan_Peter_28.11.2024.jpg
Le regard sur le handicap et sur l’insertion professionnelle a-t-il changé grâce aux Jeux de Paris ?

 

« Il y a un changement qui s’opère depuis quelques années. On se souvient que la presse avait très peu couvert les Jeux Paralympiques en 2021… À Londres en 2012, les Jeux Olympiques et Paralympiques avaient été une grande réussite et offert une vraie visibilité, entraînant un mouvement de professionnalisation. Il a fallu attendre 2016 en France. Nous avons fini dans le top 8 des meilleures nations cette année, et enfin on nous voit comme des athlètes de haut niveau, pas “que” comme des para athlètes. 


C’est le message d’inclusion que la plupart des athlètes ont envie de transmettre : nous voulons être traités comme des sportifs de haut niveau, avec le même niveau d’exigence.


La difficulté, c’est souvent d’emmener les personnes en situation de handicap vers le sport, notamment parce qu’il est plus compliqué de trouver un club, qu’il faut faire plus de kilomètres. Dans le monde du travail, faire des ateliers de sport paralympique avec des chefs d’entreprises est un très bon moyen de sensibilisation !»

 

Quels sont les principaux freins qui persistent, notamment en matière d’insertion professionnelle ? 

 

« Il y a encore de nombreux freins à lever, notamment en matière de mobilité. Il faut d’ailleurs rappeler que ce qui est valable pour les personnes en situation de handicap  va aussi concerner les parents avec des poussettes ou les personnes âgées… 


Dans la sphère professionnelle, il y a eu de vrais progrès, de plus en plus de discriminations positives, de plus en plus d’actions de sensibilisation, même s’il y a encore des métiers qui ne nous sont pas accessibles.


Un message qui me tient à cœur également, c’est de rappeler à ceux qui refusent de se déclarer RQTH qu’il faut oser. Il y a encore beaucoup d’idées héritées des années 1980 et 1990. Être reconnu travailleur handicapé n’est pas synonyme de mise au placard, et au contraire, cela peut vous apporter un vrai confort : avoir un bureau réglable en hauteur, une adaptation visuelle ou auditive… La RQTH, c’est un avantage pour les entreprises et pour vous-même !»

 

Comment envisagez-vous votre futur après votre carrière sportive ?

 

« J’ai eu la chance d’avoir une vie normale avant ma carrière de sportif de haut niveau, en tant qu’infirmier en réanimation à la Pitié-Salpêtrière. Après mon accident et ma sortie du centre de rééducation, j’ai été recruté comme infirmier coordinateur pour m’occuper du retour au domicile des patients. Après ma carrière, je reprendrai un métier anonyme, comme tout le monde, peut-être chez AG2R LA MONDIALE (rires) ! 


Ma carrière sportive est un immense atout : en tant qu’athlète de haut niveau, on travaille sur la préparation mentale, la capacité à gérer le stress et la pression, pour être performant à un instant “t”. Avoir su gérer une carrière sportive apporte un vrai plus pour la vie professionnelle future. » 

 

Qu’est-ce que la RQTH ?

C’est la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé. Il s’agit d’une décision administrative qui permet de bénéficier d'un ensemble de mesures favorisant le maintien dans l'emploi ou l'accès à un nouvel emploi : 

  • Aménagement des horaires de travail
  • Adaptation du poste de travail (achat de matériels, logiciels spécifiques…)
  • Dispositifs dédiés à l'insertion professionnelle (dispositif d'emploi accompagné, stages de réadaptation, contrat d'apprentissage…)
  • Obligation d'emploi des travailleurs handicapés (OETH) dans le secteur privé et le secteur public


Est concernée toute personne dont les possibilités d'obtenir ou de conserver son emploi sont réduites du fait de la dégradation d'au moins une fonction physique, sensorielle, mentale ou psychique.
La RQTH n’est pas obligatoire pour travailler ou se former, mais elle facilite le quotidien de travail des personnes qui en bénéficient.

Témoignages de négociateurs de branches


Cécile Landreau
Directrice du pôle juridique et social de l'Union sport & cycle
 

Cécile_Landreau_28.11.2024.jpg

« Du côté des personnes en situation de handicap comme des entreprises, la difficulté réside dans la rencontre de l’offre et du besoin alors que la volonté de travailler ensemble est bien présente. »

 


« L’Union sport & cycle, qui réunit les acteurs de la filière du sport, équipementiers, distributeurs, prestataires de service, a réalisé une enquête autour de l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap dans le monde du sport.


À travers des regards croisés, elle a mis en évidence certaines réalités. Par exemple :  57% des entreprises trouvent que le secteur est très attractif pour des personnes en situation de handicap - là où 57% des personnes en situation de handicap émettent le jugement inverse.


Pour 52% des entreprises et 62% des personnes en situation de handicap, il est difficile de rejoindre notre secteur, alors que 90% des personnes considèrent que le secteur est vecteur d’un emploi durable et que 82% des entreprises veulent travailler sur l’insertion professionnelle.


Le travail doit vraiment se faire sur la rencontre de l’offre et des besoins, l’adéquation entre les compétences et les postes. Cela passe souvent par un travail d’information et d’accompagnement. Les plus grandes entreprises, sans être forcément plus vertueuses, ont des référents handicap, mettent des moyens et sont plus allantes sur ces sujets. Nous voulons donc renforcer l'accompagnement des TPE et PME, avec un volet pédagogique (sensibilisation, formation, par exemple sur les diversités de handicaps visibles et surtout invisibles) et un volet de mise en relation de personnes en situation de handicap et d’entreprises avec le soutien d’associations. »

 


Véronique Revillod 
Secrétaire Générale de la Fédération des Services CFDT
 

Véronique_Revillod_28.11.2024.jpg

 

« Parler du handicap au travail, c’est déjà fissurer le plafond de verre.»

 

« Avec les Jeux Paralympiques, on a arrêté de voir les athlètes paralympiques comme des héros, on les a surtout vus comme des athlètes. Dans l’entreprise, les regards se transforment aussi : on regarde les personnes en situation de handicap comme des professionnels !


La visibilité offerte par les Jeux Paralympiques nous a permis de déclencher des négociations qui sont actuellement en cours. Il y a beaucoup d’initiatives individuelles liées à des sensibilités personnelles des négociateurs, beaucoup d’avancées y compris pour les travailleurs temporaires, avec des agences spécialisées.


L’endométriose, qui a été fortement médiatisée, doit servir de cheval de Troie : sa reconnaissance et l’adaptation du travail qui en découle doit nous permettre de franchir ce cap de l’insertion pour le handicap. En repensant l’organisation du travail, on se rend compte qu’il n’y a rien d’insurmontable.


Outre les questions d’adaptation et d’évolutions de carrière - je pense à une personne qui exerçait un métier manuel et pour qui le port de charges lourdes était devenu impossible, qui a progressivement évolué vers des fonctions plus administratives - je citerais aussi deux exemples d’initiatives que je trouve très prometteuses : l’augmentation des chèques emploi-service pour les personnes en situation de handicap ou les aidants, et la mise en valeur des compétences acquises via la situation de handicap à travers le mentorat de personnes valides. Cela permet de transmettre de l’énergie et une vraie capacité de résilience.


Enfin, ce que les para athlètes nous ont aussi apporté durant les Jeux, au-delà de la capacité d’innovation et d’inspiration, c’est la visibilité d’un matériel ultra-performant. Cela nous amène à penser des aménagements de poste et des équipements à la hauteur de la performance professionnelle.


Les lois sur l’accompagnement du handicap et les dispositifs restent méconnus. La Charte sociale rédigée dans le cadre de Jeux Paralympiques survivra. La France va ainsi laisser un héritage en matière d’inclusion du handicap ; c’est une fierté qu’on peut mettre à notre actif.»

 

Chiffres clés

  • 50 % : Une personne sur deux sera confrontée, au cours de sa vie, à une situation de handicap temporaire ou définitive
  • 80 % : c’est la proportion des handicaps invisibles
  • 6 % : c’est la proportion de travailleurs handicapés, mutilés de guerre et assimilés à temps plein ou à temps partiel que toute entreprise de 20 salariés ou plus doit employer

En clôture de ce petit-déjeuner, Pascale Soyeux, Membre du Comité de Direction Groupe, en charge de la santé prévoyance et des accords de branches d'AG2R LA MONDIALE, a salué le rôle central de Culture branches dans la construction d'échanges constructifs et engagés, soulignant que ces moments de dialogue sont essentiels pour accompagner les branches professionnelles dans leurs actions en faveur d'un environnement de travail plus inclusif et solidaire. 

« En tant qu’acteurs des branches, nous portons une responsabilité collective, mais aussi une opportunité unique : celle de co-construire des solutions adaptées, d’éclairer les débats avec des exemples inspirants, et de démontrer que l’inclusion est une richesse pour nos organisations, bien au-delà des obligations légales. »

ALM-P.Soyeux17.30cb.jpg

« Cet événement clôture une année riche en échanges et en engagements pour Culture branches. Ces discussions autour des sujets centraux que sont l’inclusion et l’héritage des Jeux Paralympiques ont été l’occasion d’établir un constat partagé : de véritables progrès ont été réalisés, mais le chemin est encore long.


Les interventions de Yohan Peter, Cécile Landreau et Véronique Revillod nous ont rappelé qu’inclusion et innovation sociale allaient de pair. Leur diversité d’approches, qu’elles soient sportives, institutionnelles ou issues du terrain des branches professionnelles, a enrichi notre réflexion et renforcé notre conviction : chaque initiative, chaque engagement compte pour bâtir un environnement professionnel plus juste et inclusif.


Depuis la loi de février 2005, nous avons assisté à une augmentation significative du nombre de personnes reconnues en situation de handicap, dépassant les 3,1 millions. Le nombre de personnes handicapées en emploi a progressé de 8%, atteignant 1,2 million, et le maintien dans l’emploi a bondi de 11% en un an. Ces chiffres témoignent d’une dynamique positive : l’insertion des personnes handicapées dans le monde du travail progresse aujourd’hui plus vite que leur reconnaissance administrative. Pour autant, nos échanges ont également mis en lumière les blocages persistants, notamment en matière de discrimination, le handicap restant la première cause de discrimination en France.


Les Jeux Paralympiques sont un levier formidable pour changer cette réalité, et les Jeux de Paris en ont été un magnifique exemple, y compris la magnifique cérémonie d’ouverture. Ils participent à un véritable changement de regard, que ce soit au sein de la société, des entreprises ou des organisations. Ces talents, révélés sur le terrain sportif, n’existent pas uniquement dans les stades mais également dans les sphères professionnelles et au quotidien. Le handicap, l’inclusion et l’accessibilité doivent devenir des priorités absolues dans tous les compartiments de la société. Le monde du travail ne saurait faire exception, et les branches professionnelles sont un lieu privilégié pour faire avancer ces sujets grâce à leur pouvoir de négociation et d’action.


En tant qu’acteurs des branches, nous portons une responsabilité collective, mais aussi une opportunité unique : celle de co-construire des solutions adaptées, d’éclairer les débats avec des exemples inspirants, et de démontrer que l’inclusion est une richesse pour nos organisations, bien au-delà des obligations légales.


Un jour viendra où nous n’aurons plus besoin d’organiser des petits-déjeuners sur ce thème : ce jour-là, nous aurons atteint nos objectifs. En attendant, les progrès doivent se poursuivre. 


En 2025, cinq événements Culture branches seront organisés, sur des thématiques que nous co-construirons ensemble, pour que nous soyons au plus près de vos préoccupations, qui sont aussi les nôtres.


Un immense merci pour vos contributions, vos idées et votre engagement. Je vous souhaite une excellente fin d’année et vous donne rendez-vous en 2025 pour continuer ensemble à bâtir une société plus inclusive et solidaire.»

A propos de Culture branches

 

AG2R LA MONDIALE propose des accords de branches santé prévoyance pour près de 110 branches professionnelles. Nos offres co-construites avec les partenaires sociaux répondent aux besoins et spécificités de chaque branche. La particularité d’AG2R LA MONDIALE réside dans la présence de pôles professionnels paritaires et affinitaires au sein de sa Gouvernance : le Pôle alimentaire, le Pôle ESS, le Pôle coiffure.


Créé en 2016, Culture branches est aujourd’hui une communauté active de plus de 1000 négociateurs qui entend stimuler la réflexion sur la protection sociale complémentaire de demain, au travers :
•    Des temps d’échanges et de réflexion collective sur des sujets d’actualité, qui font écho aux préoccupations des négociateurs et donc des salariés et des entreprises ;
•    La mise à disposition de repères utiles à la négociation collective de branches en santé et prévoyance ;
•    Le partage d’idées pour améliorer la protection sociale complémentaire au sein des branches.

Télécharger la synthèse au format pdf

Partagez :